jeudi 24 février 2011

Tu seras un homme, mon fils

Carte de voeux bélarussienne pour la 'Fête des défenseurs de la patrie'. Le côté militariste est très clair, tout comme l'identification au passé soviétique.
Le 23 février est un peu considéré comme la fête des hommes dans l'espace post-soviétique. Si les femmes ont la Journée internationale de la femme le 8 mars, les hommes ont le Jour du défenseur de la patrie. Cette fête soviétique a survécu à la chute de l'URSS, officiellement ou officieusement, selon les pays. Elle incarne l'héritage militariste légué par l'empire communiste. Aujourd'hui encore, beaucoup de gens considèrent que pour être un homme, il faut avoir fait son service militaire.


L'Union Soviétique a toujours été un pays en guerre. La Révolution d'octobre (1917) a eu lieu pendant la Première Guerre mondiale et a été suivie d'une sanglante guerre civile ainsi que d'une occupation par des puissances étrangères. Le pays a été construit dans une atmosphère de guerre, alors que la propagande répétait que les impérialistes se préparaient à étouffer la révolution triomphante. Selon les aléas de l'époque, des gens se faisaient arrêtés comme agents à la solde du Japon, de l'Angleterre ou de l'Allemagne. Finalement, la Deuxième Guerre mondiale a obligé le pouvoir soviétique à mobiliser le peuple entier et à imposer une discipline militaire partout. La victoire contre l'Allemagne et le Japon n'a pas été suivie d'un désarmement, bien au contraire: une guerre contre les alliés d'hier s'annonçait et la militarisation s'est poursuivie durant toute la Guerre froide.

Dans le contexte soviétique, le service militaire était un rite de passage. Au-delà de sa fonction primaire, c'est-à-dire préparer des hommes capables de défendre le pays, il servait de brassage ethnique et d'endoctrinement. Comme il se déroulait souvent loin de la région natale du jeune homme, le service militaire rassemblait des appelés de toutes les régions de l'URSS, contribuant ainsi à la russification et à la création d'une identité soviétique. Le service militaire était aussi utilisé par les forces armées afin de diffuser leur idéologie et façonner l'homo sovieticus. De plus, il s'agissait d'un événement qui marquait le passage à l'âge adulte. Le garçon qui entrait à la caserne en ressortait en véritable homme. Plusieurs jeunes filles n'auraient pas voulu d'un jeune homme qui n'avait pas prouvé sa virilité en faisant son service militaire! Évidemment, elles se disaient aussi que les hommes qui n'avaient pas été pris par l'armée devaient avoir quelque chose qui clochait...

En Union Soviétique, le 23 février était la fête célébrant la création de l'Armée Rouge en 1918. Ce n'est pas une date ayant une quelconque signification historique, même si les autorités soviétiques ont plus tard créé un mythe selon lequel les premières divisions de l'Armée Rouge, en fait formée le 28 janvier, auraient vaincu les troupes allemandes le 23 février 1918. Au fil des ans, la fête est devenue celle de tous ceux qui ont servi dans l'Armée Rouge. Tous? Pas vraiment. Même si les femmes ont servi dans les rangs des forces armées soviétiques, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale, elles n'ont jamais eu droit à une véritable reconnaissance dans leur pays. Ainsi, le 23 février est devenu la fête des hommes.

Après la chute de l'Union Soviétique, les frontières et les drapeaux ont beau avoir changé, la mentalité est restée. Peu de pays ont renoncé au militarisme. Le service militaire est encore obligatoire dans la plupart des ex-pays de l'URSS et l'armée est toujours fêtée. Si certains ont conservé la date du 23 février, d'autres ont créé leur propre fête, notamment en se basant sur la date de la création de leurs propres forces armées, dans les années 90. La tradition de fêter le 23 février a cependant survécu à ces tentatives. En Ukraine, le 23 février est revenu en 1999 après avoir été retiré du calendrier après l'indépendance. Au Kazakhstan, le nouveau jour de l'armée, le 7 mai, reste dans l'ombre du jour de la victoire (8 mai) et la population fête encore et toujours le 23 février. En plus de l'Ukraine, la Russie, le Kirghistan et le Bélarus fêtent officiellement le 23 février.

Avec le changement des mentalités, certains stéréotypes tombent, mais le service militaire est toujours considéré comme un moment important dans la vie d'un jeune homme. Maintenant, la fête a beau être de plus en plus dissociée de la célébration de l'homme en tant que soldat, elle reste associée à l'armée . Les cartes de vœux imprimées pour l'occasion le rappellent, tout comme les cérémonies officielles. Ainsi, le président russe se rend traditionnellement sur la tombe du soldat inconnu au pied du mur du Kremlin pour y déposer une gerbe. D'un autre côté, les femmes font plaisir aux hommes, offrant des des cadeaux comme du gel à douche et des produits de soins corporels, ce qui prouve aussi que la société change! Même ceux qui n'ont pas servi dans l'armée sont maintenant fêtés le 23 février.

Alors bonne fête, chers hommes!


1 commentaire:

  1. Le titre du blog manque une langue, le bulgare. Si vous voulez vraiment que le blog est inclusif, je suggère que vous écriviez le mot ‘est’ en bulgare aussi. Voici la traduction pour vous : Изток.
    Merci

    RépondreSupprimer